zéro
J’aimerais vraiment revoir Lionel. Ou plutôt, je regrette que ça se soit passé comme ça.
Ou peut-être que je pense à lui juste parce qu’il est le dernier ami que j’ai eu dans ma vie. C’était y’a un peu plus de trois ans ? Quatre ans ? J’arrive pas à faire le calcul ce soir. Peut-importe. Tout ce temps sans ami, c’est long. Et j’ai l’impression que plus le temps passe, plus ce sera difficile de nouer un lien amical avec une personne. J’aime ma solitude, mais pas à ce point. Combien de temps ça va durer encore ? J’espère toujours rencontrer quelqu’un. Dans la rue, à la médiathèque, dans un commerce. Mais non, rien. Rien, toujours rien. C’est moi, mon lit et mon ordi. Chiant. Et triste.
Je ne sais pas comment m’y prendre. Je ne voudrais pas tomber sur n’importe qui. Je ne voudrais pas que ce soit pire que mieux.
Je ne me sens pas du tout capable non plus de recontacter l’un de mes anciens amis. Impossible.
Je me souviens cet hiver, quand Théo m’a contacté. Y’avait tellement d’espoir en moi. Puis d’un coup, plus rien.
Je sais que mon attirance envers Lionel n’est pas rationnelle. Dans le fond, j’ai bien des choses à lui reprocher. Sa façon d’être distant. Son incapacité à dire non à temps. Et pourtant… j’ai besoin de me confronter à lui, encore. Je veux qu’il me donne une raison supplémentaire de le détester. Je veux qu’il me repousse. Fermement. Qu’il m’insulte peut-être même. Je veux qu’il me fasse mal. Ce sera toujours mieux que… tout ce vide relationnel qui m’entoure.
J’aimerais me confronter à N. aussi. J’aimerais bien avoir de ses nouvelles. Savoir quelles études il fait maintenant. S’il est heureux. S’il est en couple aussi, j’avoue. Est-ce qu’il pense à moi parfois ? Ou bien est-ce que finalement, je suis la seule à penser à toutes ces personnes que j’ai connues et aimées ? Je ne trouve rien à lui dire.
Je voudrais juste recevoir quelque chose de quelqu’un. De l’amour ou de la haine, je prendrais ce qui vient. Putain, super, j’ai l’air vraiment désespérée.
Qu’est ce que je peux écrire ? Leur écrire. Lui écrire.
Putain c’est affreux d’être si seule. Au point de vouloir avoir la preuve que je suis repoussante. Que je ne suis pas apte pour la vie sociale.
PUTAIN!
Ok déjà on va se calmer avec les putain stoplai !
Je sens que ça monte en moi. Cette tension. Ce besoin de me cogner la tête contre les murs métaphoriquement. Ce besoin de me faire du mal à l’intérieur. Vraiment à l’intérieur. Là où sont les sentiments. Je peux pas me l’infliger toute seule. Il faut que ça vienne de quelqu’un d’autre.
Je suis folle.