Optima

Mon corps, ma vie, mes choix.

J’ai mal au ventre :( Pas au point de me tordre de douleur, mais c’est chiant. J’ai l’impression de ne jamais être en forme physiquement. Y’a toujours un truc. Mais c’est pas de ça dont je veux parler.

J’étais sur youtube, en train de regarder des vidéos de gars FtM. Et ça me pose plein de questions sur ma sexualité, et un peu sur mon identité.

Quand je suis arrivée au lycée, je suis tombée… complètement amoureuse d’une fille. Ça m’a vraiment perturbée. Je savais à peine qu’une femme pouvais vivre avec une femme. Mais j’ai vite compris à quel point on pouvait aimer une fille, même en en étant une. Et c’était pas de l’amitié. C’était vraiment de l’amour. Je l’aimais pareil que j’avais aimé un garçon avant ça.
Mais je n’étais pas très à l’aise avec cette idée quand même… J’en reparlerais peut-être plus longuement une prochaine fois…

Et puis, j’ai commencé à vouloir une réponse. A vouloir me coller une étiquette. Genre « Alors ma fille ? T’es quoi ? Homo ? Bi ? Hétéro ? ». Je me suis dit que le meilleur moyen de savoir, c’était de tester. Ou bien c’était l’idée de mon psy ? Enfin bref, forcément, dès qu’un mec mignon s’est porté volontaire, je me suis dit « allons-y ». Et c’est ainsi que j’ai couché avec mon bel africain, tu connais l’histoire… Sauf que ça ne m’a pas aidé du tout. Et pour autant je ne me suis pas dit « ah, ok, je dois être lesbienne alors. ». Non, je me suis juste dit « c’était pas LE mec. ». Bref, retour à la case départ. Au fait, quelques jours avant ça, j’avais demandé à un ami (mon seuuuul ami à l’époque), s’il ne voudrait pas coucher avec moi. Je lui avais dit : « comme tu le sais, je ne sais pas si je préfère les filles ou les garçons, mais je voudrais que tu sois mon premier. ». Bordel, ça aurait été super s’il l’avait été plutôt que cet inconnu pour qui je ne ressentais rien ! Enfin bref.

Puis le temps a passé. Et je suis seule. Et maintenant, la question de savoir si je préfère les filles ou les garçons ne se pose pas vraiment. Je n’ai plus besoin de me coller une étiquette. Aujourd’hui, si un curieux voudrait connaître mon orientation sexuelle je lui dirais que je ne sais pas, mais qu’en ce moment je me sens plus attirée par les hommes. Pour autant, je pourrais tomber raide dingue amoureuse d’une fille. Je pense que je suis attirées par les deux. Sauf que parfois c’est plus par les hommes que par les femmes, ou l’inverse. Et en ce moment, c’est les hommes.
Donc oui, mon orientation sexuelle ne me tracasse plus, on verra bien le moment venu me dis-je. Ce qui me pose question c’est plus… quelle vie je veux ? Quelle relation amoureuse et/ou sexuelle je veux avoir maintenant, et plus tard. Et ça… c’est compliqué.

Déjà il y a la question des bébés. Je suis une femme (en tout cas, je me trouve dans un corps de femme), avec un sexe de femme (pour l’instant ça va), et donc je peux donner la vie. Et là, ça va plus du tout. J’ai… horriblement peur d’être enceinte. Et même d’être maman (si j’avais recours à l’adoption). C’est peut-être bizarre de penser à ça, alors que je n’ai que 22 ans, mais ça me travaille beaucoup. J’ai l’impression que cette peur me bloque. Alors oui, je pourrais prendre la pilule ou tout autre moyen contraceptif, c’est sur. Mais… c’est pas ça le problème. Merde, j’arrive pas trop à expliquer. Il faudra que j’écrive à ce sujet aussi. J’ai tellement à dire ! Le truc c’est que je me sentirais tellement soulagée de savoir que jamais je ne donnerais la vie. Je veux bien vivre dans un corps de femme, mais pas avec cette appareil reproducteur actif. Je sais qu’il existe une opération pour ne pas avoir d’enfant. Une sorte de stérilisation. Mais dans mon cas… ce serait trèèèèès dure d’y avoir droit. Les médecins me diront que je suis trop jeune, que je pourrais changer d’avis, blablabla. Oui et bien pour l’instant, ça me paralyse ! J’ai peur de me retrouver un jour avec un enfant dans les bras, mon enfant, alors que je n’en veux pas. Je n’ai jamais parlé de l’opération avec personne. Je dis souvent à ma famille que je ne veux pas de bébé mais… je ne crois pas qu’ils se rendent compte à quel point c’est important pour moi… de ne pas en avoir. Jamais.
Oui, on en reparlera.

Ensuite il y a la question du couple. Je ne veux pas vivre toute ma vie avec la même personne… Je ne veux pas non-plus changer de partenaire tout les six mois. En fait, j’ai horriblement peur de tomber amoureuse. Dans l’idéal, je voudrais avoir un ami/amant. On s’entendrait bien ensemble. On tiendrait beaucoup l’un à l’autre sans pour autant être amoureux-addict. On passerait du temps ensemble, mais on ne vivrait pas ensemble. On se verrait, pour faire des trucs ou ne rien faire. Pour coucher ensemble. On pourrait ne pas se voir pendant trois semaines sans en souffrir. Un ami tout court ne me suffirait pas. Mais un amant tout court, on baise et puis salut, ne m’irait pas non plus. Cet été j’ai traîné sur un site de rencontre. Il y avait un gars, un peu plus agé que moi qui cherchait les mêmes choses. Il était même pas mal physiquement. Mais… y’avait pas… je le sentais pas tout à fait alors j’ai préféré lui dire adieu. Parfois je regrette, haha. Mais j’ai bien fait.

Ne pas vouloir d’enfants, ne pas vouloir me marier… c’est aussi dure pour moi que de me penser homosexuelle. Vis à vis de la société. Vis à vis de ma famille. J’ai l’impression que… je ne suis pas normale. Pourtant, me marier et avoir des enfants serait aliénant pour moi.
Quand j’ai dit à ma mère que j’aimais aussi les filles, j’ai senti qu’elle se disait que pour moi, c’était juste une passe et que ça changerait. Qu’il restait toujours une chance que je lui ramène un mec. C’est tellement la même chose quand je lui dit que je ne serais jamais enceinte.

Ça me fait du bien d’écrire tout ça mais… ça ne m’aide pas vraiment. On en est toujours là. Je dois attendre d’être plus vieille, d’être sortie avec des mecs pour espérer avoir cette opération. Pour enfin être sereine et… bien dans MON corps. Mon corps à moi seule. Mon corps tel que je le veux.

Et en fait, tout ça me préoccupe depuis un moment. Mais là… c’est plus fort encore. Un ancien ami, appelons N., a croisé ma maman et lui a donné son adresse et son numéro de téléphone. Euh, non, pas parce qu’il aime les femmes d’âge mure, mais pour reprendre contact avec moi. Je n’ai rien fait pour l’instant. Mais ce gars, c’est pas juste un ancien ami, c’est… le seul gars avec qui j’aurais pu, s’il le fallait vraiment, me marier et avoir des enfants. C’est bizarre.

Enfin bref, je commence à avoir assez mal au ventre et je vais finir par me stresser toute seule. Donc bref, je vais regarder ma série tranquillement, me détendre… et essayer d’oublier ses questions. Laissons-ça pour demain, après les courses (oh, j’ai trop la flemme de sortir!).