Optima

Mariage avec Pluie

Je suis tellement énervée. Mais genre toute seule contre rien en particulier. Contre tout. C’est juste un état d’esprit. Une émotion. Si au moins j’arrivais à en faire quelque chose de constructif. Mais non. Je tourne en rond. Il va bien falloir consommer cette énergie.
J’écoute et regarde les mêmes clips en boucle. Je pense.

Je me disais que je m’étais monté la tête toute seule avec Pluie. Puis je suis remontée au 1er janvier dans nos conversations. J’ai lu UN message. De lui. Ça m’a suffit. Non, je me suis pas montée la tête toute seule. En tout cas pas dans le vide. Il a bien alimenté ma passion. La nuit du 31 au 1er, je lui ai proposé qu’on se marie. On s’était encore jamais vu. On n’avait juste parlé, beaucoup, par message. J’étais très sérieuse. Il en avait besoin. Et moi aussi, mais d’une autre façon.
Est-ce que tout est de ma faute ?
Puis on s’est rencontré. Une première fois. Il a passé 5 jours chez moi. C’était génial. Puis un mois plus tard il est revenu passer 5 jours. Cette fois c’était difficile. Il y avait comme un gouffre entre nous. Je savais pas comment réagir. Qu’est ce que j’étais sensé faire ? Il s’est renfermé. Moi aussi. J’ai vu les embrouilles arriver. J’ai vu mon incapacité à le sauver. Son incapacité à me sauver aussi. Je me suis sentie mal. De pas pouvoir le rejoindre, de l’autre côté de la rive. De le voir là, étendu sur mon lit. Mais à des années lumières de moi. Je regrette de ne pas m’être battu d’avantage. Mais je sais que j’ai eu peur. Peur de finir comme mes parents. Peur de m’éloigner de moi. D’aller trop loin de qui je suis.

Et puis, avec ce genre de mariage, on aurait été obligé de vivre sous le même toit. Et ça… Mmmm… Vraiment, je suis pas prête. J’ai trop l’habitude de ma solitude. De ma "liberté". La première fois qu’il est venu, je ne me suis pas du tout sentie envahie. Ça m’a beaucoup surprise. Mais la deuxième fois que Pluie était là… Nan, j’y arrivais pas. Pourquoi d’un coup c’était si différent ? Alors m’imaginer vivre avec lui… Outch, non. De plus avec le mariage, une fois qu’il aurait trouvé un travail légal, j’aurais perdu mon allocation (AAH). Perdre mon chez moi + mon argent. Clairement je l’aimais pas assez pour ça. Ou plutôt, je m’aime trop pour ça. Vivre au crochet de mon mec juste parce que je suis handicapée et incapable de bosser ? Ça c’est non. Tout aurait été plus simple sans le mariage et sans l’AAH. Mais j’imagine que ce n’est pas l’unique raison de notre rupture.

C’est moi qui ai rompu. J’aurais aimé qu’il le fasse. Mais je ne supportais pas d’attendre, alors, je l’ai fait. C’est toujours ce que je fais quand je flippe. Toujours.

Il me manque. Même si je sais que j’ai fait le bon choix. J’ai une liste accrochée au mur pour me rappeler tout ce qui n’allait pas. Mais il me manque quand même. Il était ma perspective d’avenir donc… Normal qu’il me manque !

Après son départ je me suis tapé une semaine de dépression. Puis je me suis plongée dans l’étude de l’islam. Ça me passionnait. Et cette passion me manque parce qu’aujourd’hui je n’arrive plus à lire quoi que ce soit. Fait chier.

Il faut vraiment que je trouve un moyen d’évacuer cette énergie négative d’agressivité.

Déjà demain je sors acheter des clopes. Ça va rien résoudre, je sais. Mais j’aurais ça de moins à gérer. Le tout est de savoir si je reste dans le quartier ou si je pousse au centre commercial. Il faut que j’évacue.
Si au moins j’avais du Tercian. Mais j’ai plus rien.
Je viens d’avoir une idée. Ça va probablement pas marcher, mais ça va m’occuper.