Optima

Le virage en question.

Hier j’ai parlé d’un virage qui a eu lieu dans ma vie en 2010.
Un truc bizarre… Pas trop explicable.
Mes plans ont changés en très peu de temps.
J’ai pas l’habitude d’en parler. Y’a des gens au courant et tout, je m’en cache pas, mais je ne dis pas non plus"eh ! Salut, ça va ? Au fait, je t’ai pas raconté?".
J’ai un tout petit peu peur d’en parler ici. C’est tellement pas banal comme histoire, j’ai peur d’être reconnu. (Si jamais c’est le cas, merci de venir me le dire, j’aimerais le savoir). Mais en même temps… J’ai envie d’en parler. J’aurais toujours envie d’en parler tellement… tellement… Je trouve ça dingue.

Bon maintenant je vais le raconter. Tu vas croire que j’ai marché sur la lune, aha, alors que pas du tout. Bref.

C’était donc en 2010. J’avais pas de très bons résultats au lycee (j’étais en seconde). En même temps je ne faisais rien. Je m’en foutais. Je ne pensais pas a mon avenir, parce que pour moi, l’avenir… Y’en n’avait pas. J’étais pas du tout épanouie en classe. J’avais quand même une très bonne amie. Y’avait N. Pas très loin de moi aussi. A la maison, c’était pas mieux qu’au lycee. J’aimais être au lycee pour ne pas être chez moi, et j’aimais être chez moi pour ne pas être au lycee. J’étais bien nulle part.

Tout le monde s’est dit que ce serait formidable que je me réoriente. Il se trouve que j’aimais faire des photos. Donc on m’a proposé de faire un bac pro photo. Est-ce que j’avais vraiment le choix ? Je ne sais pas. Enfin, tout le monde était ravi pour moi. La solution était toute trouvée. Sauf que.
J’ai passé des tests dans deux lycées différents. Au Havre et a Tours. Au havre, ça s’est pas super bien passé, mais a Tours, ça a été très bien. J’ai été sur liste d’attente au Havre, mais prise a Tours.

Comme a la rentrée suivante j’allais être de nouveaux en seconde,... On va pas se faire un schéma, je n’ai encore plus rien foutu en cours.
Pendant les vacances, j’avais hâte de partir. De quitter cette maison. Ma famille. J’avais hâte d’être en internat. Et en même temps, j’étais un peu angoissée. Je n’aurais plus aucun repères. Je serais sans Juliette, dont je ne pouvait me passer pour survivre au lycee.

Puis, la rentrée a eu lieu. J’ai été a Tours. J’ai passé deux nuits a l’internat. On était quatre par chambre. L’une des filles était sympa. Un peu timide, peut-être même plus stressée que moi. Y’avait un gars qui m’était une bonne ambiance entre nous. Y’avait vraiment personne de méchant. Bien sur, ce n’était qu’une première impression. Mais l’ambiance était plutôt bonne entre nous tous. On était soudés. On faisait connaissance…

Puis les profs ont organisés des entretiens individuels. Pour faire le point avec chaque élève.
Je me suis retrouvée dans une salle, assise sur une chaise, face a… Combien ? 3 ? 4 profs ? On s’en fiche. L’important, c’est ce que je leur ai dit. Je leur ai dit que je ne voulais pas être ici, préparer ce bac pro photo. Je leur ai dit "j’adore la photo, c’est pas le problème, mais je veux pas en faire mon métiers."
Malaise.
Ils devaient être vraiment surpris parce que les tests s’étaient super bien passés.
Ils avaient l’air super comme profs. Passionnés, heureux dans leur boulot.

Enfin, je me suis retrouvée dans le bureau de la directrice. J’avais peur. J’avais du mal a penser. J’arrivais a peine a parler. Je jouais avec une bague avec une pierre violette. Je regardais les bus passer par la fenêtre derrière la directrice. J’enviais les gens, là, dehors. Ceux qui n’étaient pas moi. Ceux qui n’étaient pas a ma place.
Elle a téléphoné au directeur de mon ancien lycee. Il était prêt a me reprendre. Même si je n’avais pas de très bonnes notes, je ne semais pas la pagaille dans tout le lycee. Et je n’étais pas un garçon (autre sujet a développer).

Je n’ai rien dit au autres élèves. J’ai fait semblant. Ludo a vu que quelque chose n’allait pas. Les autres aussi l’ont compris quand la directrice est venue me chercher le lendemain.

Pendant mon premier rendez-vous avec elle, elle m’a demandé a quel étage était ma chambre. Quatrième. Ça l’a fait flipper. Elle avait vraiment peur que je me suicide !
J’ai pas passée de bonnes nuits, mais je n’ai jamais pensé au suicide. Quelque part, j’étais peut-être déjà en train de le faire, de toutes façons.

Mes parents ont débarqués. Ils étaient dans un état ! Ils avaient appeler mon ancienne psy, a qui je n’ai jamais vraiment parlé. Ils avaient aucune idée de… Comment agir. Comment réagir. Ma mère était en colère que la directrice de Tours est appelé mon ancien directeur avant eux.

Mais c’était fichu. Après tout ce remue-ménage, je ne pouvais plus faire marche arrière.

J’ai tellement de détails de ces quelques jours où tout a basculé.

Je me souviens de mon retour chez moi. Horrible. Il y avait mon petit frère, ma grande soeur et son copain. Tout le monde faisait la gueule. Me faisait la gueule ?

Puis je suis retournée dans mon "ancien lycee". Tout y était, mais les choses avaient changées. Ou bien J’avais changée. J’ai été obligée de redoubler. Ce qui était une terrible erreur a mon avis. Ma mère a peut-être voulu me punir, d’une certaine façon. Oui, mais résultats n’étaient pas brillants. Mais j’aurais pu y arriver. Avec mes amis et pas dans cette classe de filles a papa.
De toutes façon je n’ai pas passé beaucoup de temps dans cette classe non-plus.

Pourquoi j’ai fait ça ? Je ne saurais le dire avec exactitude. Il y a plusieurs théories. Je crois que c’est surtout un acte… Primitif. De l’instinct.

Je ne fais plus beaucoup de photos. J’ai un rapport bizarre de toute façon avec mes "oeuvres". Je suis rarement satisfaite. Mais c’est toujours là. L’envie de faire des photos est toujours là. Un jour… Disons qu’aujourd’hui c’est difficile pour moi. Je voudrais faire du portrait. Mais faire du portrait c’est comme… Avoir une discussion profonde avec la personne que l’on photographie. Il y a quelque chose… De délicat, de précieux, fragile. Une chose que j’ai peur d’affronter pour le moment. Mais un jour, j’y arriverais. Peut-être que dans 15 ans, et alors ? J’ai le temps…

Si j’étais restée là-bas, je ne serais pas devenu la photographe que j’ai pu rêvé d’être. Je trvaillerais a la Fnac, ou bien je ferais des photos de mariage.
Ou peut-être que je serais finalement morte. J’ai parlé y’a quelques mois avec une fille qui était dans ma classe, là-bas, a Tours. Une fille super chouette. Elle m’a dit que… Ca avait était dur pour elle.
Je crois que ça n’aurait pas été. Pour moi.
Je n’ai pas tellement de regrets par rapport a tout ça. Je ne me déteste pas d’avoir dit non. A ce moment là, j’avais besoin de le faire.
Et c’est pas grave. C’est pas grave. Oui, ma situation est pourave aujourd’hui. Mais pas tant que ça. Je vais mieux. Je vais aller encore mieux dans quelques temps. Je pense que tout ça, c’est un mal pour un bien. Et je serais fière, quand j’aurais atteint mon but.

Une fille s’est permise de me dire sur facebook, quelques jours après mon départ que j’avais "gâché ma passion". Je crois qu’en faite, je l’ai surtout sauvée.