Optima

Déclic

Bon. J’ai eu un gros déclic tout à l’heure. C’est immense. Ça donne un peu le vertige, mais aussi beaucoup d’espoir.
Je n’ai jamais voulu me positionner en victime. J’ai toujours minimisé.
Mais là… je réfléchissais à mes comportements vis à vis du sexe. Je pensais que ma peur venait de l’agoraphobie. Cette peur du vide, cette peur de me bloquer. En fait, héhé, et non ! Ça vient probablement du rapport que Sesay a eu avec moi. J’en parle au début de ce JI. Ce dont j’ai peur aujourd’hui, c’est précisément de ce qui s’est passé à l’époque. Peur que ça se reproduise. Alors je me suis dit "ah tiens, ça m’a plus traumatisé que je ne le pensais cette histoire". Et tout plein de choses sont revenus en avalanche. "Bah, tiens, ça et ça, c’était peut-être pas très normal quand même...". Toutes ces expériences ont fait de moi une personne faible. Et mes conneries de phobies, c’est pas l’objet de mes phobies le problème. C’est ma faiblesse ! JE SUIS FAIBLE. Et putain, je vais mettre tout en oeuvre pour ne plus l’être.

Déjà mon père. Il me terrorisait quand j’étais petite. Ces luttes qu’on a eu l’un contre l’autre. Il était toujours tellement plus fort que moi, évidemment. M’inculquant que je suis un être faible et sans défense. Et ces histoires, j’étais la seule de ma fratrie à les vivre. Et qui est en galère psychiquement aujourd’hui parmi nous ? Eh oui, c’est moi !
Et toute ma vie durant, je me suis laissée faire, car l’ennemie, la menace sera toujours plus forte que moi, car je ne suis qu’une pauvre fille faible et sans défense. A quoi bon lutter ? A quoi bon se faire respecter ? C’est peine perdue… Merci Papa.
Ce connard de mec en primaire qui m’a marché sur le pied, fort, délibérément, sans raison. Ouais ok, marcher sur le pied c’est rien. Mais le pire c’est que je n’ai rien dit, rien fait. Jamais répété à personne. Mais c’est normal, c’est la vie, ça va passer.
Et ce prof au collège qui a frappé un autre élève. Bah oui, c’est normal, les hommes sont si forts, si puissants. Nous on n’est que des gosses, faibles et sans défenses.
Et ce camarade au collège aussi, qui me susurrait des trucs porno à l’oreille à chaque récré. Normal.
Et l’autre qui m’étrangle pour… me tuer ? Je sais pas juste pour le plaisir peut-être ? Normal.
Et cette infirmière en pédopsy qui a insulté et traîné un gosse dans le couloir. Normal.
Et ces gars au lycée qui me faisaient chier et cette fille qui a volé mon sac et après c’est moi qui me fait engueuler par le directeur et un gendarme. Normal.
Et ce gars qui prend l’ascendant sur moi et qui en profite pour me baiser. Normal.
Normal, normal, normal. Sans compter d’autres micro agressions à répétition. Comme ce type qui me demande 15 centimes pour sa mayo, et moi qui m’exécute sans rien dire. Il m’aurait demandé un truc incensé comme "levez les bras", je l’aurais fait. Car je suis faible. Et ça, je refuse de croire que c’est juste mon caractère. Quelqu’un me l’a bien appris un jour. Et tout les suivants me l’ont confirmés comme une chanson qui se répète à l’infini. Le meilleur moyen de ne plus entendre cette mélodie ? Se mourir. Se taire, se soustraire, se replier. Enfermée chez moi, seule. En sécurité. Putain !
Y’a genre 6 ans mon ancienne psychiatre m’avait dit un truc style "je pense qu’on vous a fait du mal quand vous étiez plus jeune". Et tout ce temps je me disais "quelle folle de dire un truc pareil!" et parfois "mais alors il m’est arrivé un truc ou pas?". Et si la réponse était belle et bien "OUI"? !
J’ai furieusement envie de me battre.
Putain de famille. Je les aime mais… putain quoi.
Bon, bon, bon. Bah il va falloir faire avec ça. Et je compte pas enterrer ces idées. Nan c’est bon, c’est fini de vivre en ayant peur. De tout, tout le monde, tout le temps. J’ai l’idée d’écrire un mail à ma psychiatre. Demain.
J’espère ne pas trop mal dormir cette nuit…