Optima

Sesay, le premier.

Bon. Ça va moyen. Peut-être juste la fatigue. Peut-être pas. J’ai pas su me rendormir ce matin. Trop nerveuse. J’ai fait pas mal de ménage aujourd’hui. J’avais besoin d’une activité physique - pas trop physique qui demande pas grande réflexion.
Je suis un peu fatiguée ce soir, mais pas plus que ça. C’est plus une fatigue morale.

Je tourne autour du pot. Ce matin, sous la douche, j’ai remarqué une grosseur, sorte de bouton sur ma vulve. C’est la deuxième fois cette année. La fois dernière, c’était partit tout seul au bout de quelques jours. Puis j’y pensais plus. Et ce matin, ça recommence. Ça ne me gêne pas tellement, je veux dire, y’a pas de position inconfortable ou quoi. Je le sens juste un peu. Je sais pas si c’est grave ou pas. Je suppose que si ça l’était ça me gênerait plus que ça. Nan mais le truc c’est que… je vois pas ce que ça peut être. Je suis propre a ce niveau-la. J’ai pas eu de rapport sexuel depuis presque trois ans. Mais justement. Et si c’était lié a ma seule coucherie. Celle dont je parle au début de ce JI. Avec ce mec que je connaissais pas. Avec ce mec qui parlait pas français. Avec ce mec qui n’a pas mis de capote. Je sais pas, ça se pourrait des IST/MST a retardement ?
J’avais fait le test pour le dépistage du VIH (HIV?). Mais c’est tout. Le médecin avait dit a mon père que pour le reste, ça se verrait grâce aux symptômes. Et si ce "bouton" s’en était un de symptôme ?

Alors j’ai pas arrêté de repenser a ce jour. Ce jour où "je l’ai fait". Plutôt ce jour où il l’a fait avec moi. Non, juste sur moi. J’étais pas là. Dans un état second, je l’ai laissé faire, sans comprendre, sans réaliser ce qu’il se passait.
Je me suis repassé le film de cette journée malgré moi, en boucle.
Et je me sens conne. Comment j’ai pu être conne a ce point ?
Et au final, qu’est ce que ça m’apporte ? Bon, c’est pas vrai, j’ai appris des choses a cause de cette expérience. Même pas mal de choses.
Mais je me suis bien planté sur un truc. Je pensais que je pouvais faire l’amour avec le premier venu. Bah en fait, je me suis juste fait baiser.

Et maintenant qui voudra de moi ? Je suis grosse. J’ai peut-être un air mignon, a la limite, mais je suis pas belle. Et j’ai des putains de problèmes psychiques. Qui voudrait de ÇA ?
Et ouais, c’est pas parce que je suis comme ça aujourd’hui que c’est figé. Je vais perdre du poids. Je vais guérir. Mais de là où je suis… c’est loin tout ça.
Putain, j’ai même pas le moindre ami quoi !
J’ai un super psy, c’est vrai. Mais c’est juste un psy. J’ai une famille plutôt pas mal, mais ça reste la famille.
J’ai pas de cercle a moi.

Bref, j’ai ressassé cette histoire avec Sesay. Et puis… je suis triste.
Ouais, je sais là je suis a des années lumière de l’incarnation parfaite de l’optimisme. Ouais. Et alors ?
Je me sens comme une merde, je vais pas faire croire le contraire.

Je vais prendre mon truc aux plantes pour dormir. Je vais lire. Je vais dormir. Je vais bien dormir, j’espère. Et j’y verrai peut-être plus clair demain. Ou peut-être pas. Et je repasserai en boucle cette question "est-ce que Sesay m’a laissé un souvenir?".
Lundi je vais essayer de prendre rdv avec un médecin. Y’en a un qui pourrait me convenir pas trop loin de chez moi. Juste a espérer qu’il prenne les nouveaux patient. Apparemment il est OK avec la question de la stérilisation. Ça c’est top. C’est plus au centre de mes préoccupations comme ça a pu l’être cet été. Mais c’est toujours là. C’est juste que j’ai d’autre merde a traiter en ce moment.

Au fait, ma cousine m’a envoyé un mail y’a quelques semaines. J’ai toujours pas répondu. Putain j’suis pas cool. Mais j’ai des sentiments… compliqués pour elle. Ouais, c’est compliqué.

Et puis mon père devrait être là au rdv de vendredi prochain avec les pys. C’est la nouvelle du jour. Surtout pour ma mère. Purée, elle m’a encore fait le coup du "je te raconte toute ma vie" au téléphone tout a l’heure. Y’a une chose que je voudrais lui dire : "Maman, tu prends un cahier, un stylo, et tu le note." J’suis pas sa psy ! C’est vraiment trop bizarre nos conversations téléphoniques.

J’écris, j’écris, je fui le moment de me coucher.
Aller, j’y vais.