Optima

Lionel

J’ai rêvé de Lionel cette nuit. Mais la journée avance et je commence a perdre ce rêve.
Mais j’ai rêvé de Lionel. Et dans ce rêve, il allait bien.

Je me demande comment ça se passerait si on se revoyait. Je veux dire, si on se croisait par hasard. Dans la rue. A l’hôpital. Dans le tram. Au point où on ne pourrait pas s’ignorer.
Je crois que ni lui ni moi ne reprendrons contact par texto.
C’est fini.

Avec Lionel s’est fini et ça a été bref. Mais je suis heureuse de l’avoir connu. Même si je me suis sentie horriblement mal quand ça s’est terminé, je suis… Heureuse de l’avoir connu. Impossible de l’oublier.

Je voulais que Lionel soit mon premier. Je veux dire, je voulais que Lionel soit le premier mec avec qui je ferais l’amour. Je le lui ai demandé. "Je sais pas si je préfère les filles ou les garçons, mais je veux que tu sois mon premier".

Attends. Je suis entrain de penser a un truc. Lionel avait 9 ans de plus que moi. Mais ça veut pas dire. Ça veut pas dire qu’il l’avait déjà fait. Je pensais que oui, mais qu’est ce qui me faisait croire ça? ! Je ne sais plus… Bon, peut importe, c’est du passé.

Lionel avait 9 ans de plus que moi et ça m’impressionnait. Physiquement, il avait l’air jeune. Aussi jeune que moi. Mais si on regardait. Si on regardais bien, il avait un corps d’homme. Des mains d’homme. Des bras d’homme.

Lionel est venu trois fois chez moi. La troisième fois il y a dormi. Tout prés.
Mon frère et sa copine étaient venus manger avec nous. Ils ne sont pas partit très tard pour avoir le dernier tram. La copine de mon frère a dit en partant "et sortez couvert!". Ce qui a surpris (choqué?) tout le monde. Mais aujourd’hui je me dit qu’elle avait raison. Mieux vaut dire ça trop souvent que jamais. Ils sont partit et c’était le soir, et j’avais un peu bu. Lionel avait bu plus que moi, mais il y était plus habitué. On a fumé. On s’est couché. Il s’est brossé les dents dans ma salle de bain et a laisser sa brosse a dent dans mon verre, a cote de la mienne, prête pour le brossage de dents du matin. On s’est couché. On s’est touché. On n’arrivait pas a s’endormir. Lionel a proposé un film. On a mis "Happiness Therapy" sur mon ordi (un film qu’il avait sur son disque dur qui était dans son sac). On a regardé le film. On a fumé encore. On a fini nos bières assis par terre, dans la pénombre. Je lui ai dit un peu gênée "j’ai envie de t’embrasser..." Il a répondu "moi aussi.". Et on l’a fait. Et c’était pas terrible. On a essayé de dormir a nouveau. Collé l’un a l’autre. On n’y arrivais pas. Il a dit que ce serait peut-être plus facile si on ne se touchait pas. On s’est tourné le dos. On a dormi. Je me suis réveillé la première. Vers neuf heures je crois. Puis on a mangé, on a fumé. Il m’a raconté un truc que je dois dire a personne. Un truc qui me… perturbe. On s’est assis sur les lits et on a parlé. Il a posé sa main sur ma cuisse.
Je lui ai demandé de partir avant le repas du midi. Il voulait pas trop. Il voulait pas parce qu’il s’avait déjà qu’on ne se reverrais plus.

Lionel il est courageux. Il lutte contre sa maladie et le résultat est incroyable. Lionel est très bien élevé. Lionel est sensible. Lionel est respectueux. Lionel il a envie de s’en sortir, et c’est beau.

Lionel me manque un peu.

Peut-être qu’un jour je lui dirais merci. Merci pour tout. Merci quand même.
En attendant, je le laisse tranquille, parce que c’est, je crois, ce qu’il veut.
Mais je pense a lui. Et je me demande vraiment comment il va. Je me demande s’il est heureux. S’il a tout ce qui lui faut.