Optima

N. (texte du 14 avril)

[J’ai écrit ce texte la veille du jour où j’étais censée revoir N.. Mais comment je n’avais pas internet (là je suis chez mes parents, et il y a internet) je n’ai pas pu le publier, ce que je fais donc maintenant, même si tout ça perd un peu de son sens. Mais on va s’y retrouver dans tout ça, promis]

J’sais même pas comment réagir. Je pourrais sauter de joie. Je pourrais trembler de stress. Je pourrais courir chez le coiffeur pour qu’il arrange ma tête. Je pourrais boire un litre de vodka pour être malade à ne plus pouvoir rien faire. Je pourrais me coucher et attendre que ça passe, sans rien faire.

Je vois N. demain.

En début de semaine j’avais écris un texte sur une hypothétique revoyure avec lui. Je l’avais écris comme ça, sans rien espérer. D’ailleurs je l’avais écris plutôt en m’imaginant ne jamais le revoir.

Et puis tout à l’heure, je reçois un texto de lui. Il me propose qu’on se rencontre cette aprem. Mais euh, holà, doucement, hein. Je lui ai dis « ok, mais demain ». J’ai pas dit ça exactement, mais bref. Au final, au bout du compte, on se voit demain après-midi.

Qu’est ce qui m’a pris d’accepter ça ? ! Bon, c’est vrai, je sais ce qui m’a pris. J’ai envie de voir personne, genre personne. A part mon psy, à la limite. Mais une fois par semaine avec lui me suffit ! Je veux bien voir mon frère aussi. Enfin le truc c’est que j’avais prévu de… cuver en quelque sorte demain. Juste… rester chez moi, SEULE et TRANQUILLE. Passer la journée sur mon lit avec mon ordi. Mais, quand même, j’ai accepter. Parce que… je suis pas idiote, je sais qu’il ne va pas me solliciter pendant cent ans. Y’a un moment, il va abandonner. Et… aujourd’hui… en quelque sorte, il est mon seul ami. D’une certaine façon, ça aurait été un suicide sociale pour moi de refuser son invitation. Et puis… j’ai ce sentiment qu’il a besoin de me revoir. Qu’il a un truc à… me prendre. Ou bien à me donner ? Je le fais pour lui avant tout. Pour nous. Pour qu’on soit fixés, une bonne foi pour toute !

J’avoue, j’ai un peu de peine pour lui. Comment il peut être assez stupide, lui qui est connu pour son intelligence singulière, pour vouloir nouer un lien avec moi ? Le pauvre, il n’est pas prêt à être déçu comme il finira par l’être un jour. Tant pis pour lui, je l’aurais prévenu de toutes façons.

J’aimerais bien m’engueuler avec lui. Une grosse dispute. Je veux qu’il soit verbalement méchant avec moi. Et je veux aussi l’être avec lui. Mais pourquoi d’abord ?
Pour qu’on se dise enfin les choses. Pour tout remettre à zéro.
Ou pour se déchirer, définitivement. Couper ce fil qui nous relie. Se libérer.

Je sais pas comment je vais m’habiller. J’ai genre vingts cinq kilos en plus que la dernière fois que je l’ai vu. J’ai de l’acné, la peau grasse. Le rouge de mes cheveux est imparfait.

Est-ce que j’aurais la force… d’être… juste là, à côté de lui ?

Et si ça se passait mal ? Et si ça se passait bien ?
Et si ça se passait bien et qu’on ai envie de se revoir ? Et si je ne le revois plus jamais après ça ?

J’ai l’impression de devoir rejoindre l’autre côté d’un fleuve sans savoir nager et en ayant juste une bouée dégonflée, pleine de trous. (c’est « marrant » que je choisisse cette exemple, sans le faire exprès. Il ne sait pas nager, littéralement)

J’ai peur.

Comment je suis censée... ? Comment je vais... ? Je sais pas comment on fait ! Je sais plus faire en amitié ! Bon dieu, je vais peut-être bien débarquer chez mon psy demain midi !

Et il y a beaucoup trop de ? Et de ! Dans cet écrit. C’est tout pour l’instant. Mais je vais revenir… j’en suis presque sure.