Incarnation
Hier j’ai envoyé un long message à mon copain. Le pauvre, lui qui n’aime pas lire… Mais j’ai tout lâché, je me suis expliqué. J’ai pleuré mais c’était bien de le faire. Ça m’a permis de me rappeler que pour lui aussi c’est dur. Il doit se placer dans la vie et ça le stresse. Trouver un boulot, un appartement, passer son permis. On n’a pas les mêmes problèmes, pas les mêmes difficultés mais pour lui aussi c’est une période difficile. J’ai appris aussi qu’il se sentait responsable de ce qui nous arrive. Il a sa part de responsabilité, mais j’ai la mienne aussi…
Ça me manque tellement… Nous. Juste nous, l’an dernier. Quand on était aveuglé par l’amour. Quand on était heureux et insouciant. Quand c’était nos débuts. Est ce qu’un jour on reviendra à ça ? Je ne pense pas. On doit faire ce deuil de nous.
Demain on doit s’occuper du moyen de garde pour notre fille à la rentrée. J’espérais qu’elle allait rester avec moi. Mais rien ne se passe comme prévu. Ça me fend le cœur de devoir lui chercher un moyen de garde. C’est difficile pour moi. Un échec. Un de plus.
J’ai aussi du mal à prendre mes responsabilités. Parce qu’on me les as retirées pendant un moment. Et là on me demande de les reprendre d’un seul coup. Bref.
J’ai très hâte de voir mon psychiatre mardi. Il faut vraiment que j’arrive à lui parler !
Ensuite l’aprem on va se faire vacciner avec mon copain. Il a la phobie des aiguilles. Ça lui fait vraiment peur. Mais il va y aller quand même. Il a cent fois plus de courage que moi.
J’ai regardé ce matin des vidéos qui retracent mois par mois l’évolution des bébés. La mienne va avoir 4 mois dans quelques jours. J’ai regardé les vidéos du quatrième, cinquième et sixième mois. En principe elle fera du quatre pattes en octobre. J’ai trop hâte qu’elle grandisse. Je me dis, et j’espère fort, que tout ira mieux quand elle sera plus grande. Si ça n’arrive pas ça va être dur. Mais je garde espoir. J’essaie.
Je vais devoir déménager. Vivre dans un trente mètres carrés avec un bébé c’est pas ouf. Bon elle ne vit pas avec moi mais ce serait confortable d’avoir plus grand. C’est quelque chose qui me stresse un peu.
Je suis sensibilisé à la dépression post partum. J’essaie de trouver des témoignages de femmes qui ont connus ce que je connais actuellement. Mais je ne vois personne dans ma situation. Les femmes qui témoignent ont toujours su, malgré tout, s’occuper de leur bébé. Moi je serai incapable de rester 24 heures seule avec ma fille. Quelle genre de mère est comme ça ! ?
J’aurais tellement aimé être capable de bien plus pour elle. Mais ça me dépasse. Je m’en voudrais toute ma vie.
Ça me fait bizarre aussi de ne pas l’aimer à la folie. Je l’aime bien mais je peux vivre sans elle sans problème. Elle ne me manque pas. J’aimerais bien avoir de l’amour pur pour elle. Comment ça vient ça ? Au fur et à mesure ? J’espère qu’un jour je l’aimerais plus que ça. Sinon c’est nul. J’espère aussi que je n’agirai pas par devoir mais par envie, avec passion.
J’ai du mal à me dire que c’est ma fille. Pour moi c’est le bébé, pas mon bébé.
Pauvre enfant, ça commence mal pour elle ici bas.
Durant la grossesse j’ai appris que c’est l’enfant qui décide de s’incarner dans le fœtus que porte sa mère. C’est l’enfant, son âme qui choisit sa famille. On y croit ou pas. Mais ça me rassure. Même si je comprends vraiment pas pourquoi ma fille m’aurait choisie. Elle s’est peut-être trompée ?