Optima

Prof

Y’a deux-trois ans (pas envie de compter les années), je suis plus ou moins tombée amoureuse d’une de mes profs. Peut-être qu’avec cet écrit, quelqu’un me reconnaîtra. Peut-être même elle, cette prof. Je m’en fou pas. Mais le besoin d’en parler est trop fort pour que je continue a faire comme s’il ne s’était rien passé. J’ai honte, quand j’y pense, j’ai vraiment honte. Mais maintenant que je comprend pourquoi j’ai eu ces sentiments… je voudrais me pardonner ça.
Alors, tant pis si je suis démasquée.

J’avais passée une année au CNED que j’avais avortée vers le mois de février. Mais j’en étais encore au point de vouloir ce putain de bac, pour aller a la fac. Alors a la rentrée, je suis retournée au lycee, dans un autre lycee, le troisième (en comptant le CNED) que je frequantais. Et le dernier. J’avais droit, au vu de mon passé scolaire de n’assister qu’aux cours d’une seule matière. Alors pendant un an, tant bien que mal, je n’ai été qu’en français. Qui se trouvait être aussi la matière de ma prof principale. Elle était en quelque sorte chargée de suivre ma progression, dans le sens d’une… avec pour but que je retourne complètement au lycee un jour ou l’autre. Elle avait plus ou moins l’habitude de ce genre de cas. Ce genre de cas particulier.
Je ne vivais plus chez mes parents, j’étais dans mon appartement, a quelques pas du lycee. J’étais un peu en froid avec ma mère et encore plus avec mon père. On n’arrivait pas a communiquer. Ils ne me "suivaient" pas. A l’époque aussi, je n’étais pas suivie. Je ne connaissais pas l’existence de mon psy.
Je parlais peu. J’étais du genre a me bloquer et a ne plus savoir sortir le moindre son.

Donc elle était la seule. La seule a me parler. La seule a m’écouter (a me lire). La seule a me voir. Y’avait plus qu’elle.

Alors, j’ai eu des sentiments pour elle. Parce qu’en plus elle était jeune, parce qu’en plus elle était belle et pétillante.

Je me suis accrochée a elle comme on s’accroche a une bouée en pleine tempête de mer.

Je me suis fait des films.

Je ne voulais pas me la raconter auprès de mes camarades ou de qui que ce soit. Je m’en foutais des autres. Je voulais juste être avec elle. L’écouter parler de tout et de rien pendant des heures. La regarder vivre. Juste, être là, avec elle. Avoir une place dans son coeur comme elle avait déjà la sienne dans le mien.

Mais c’est devenu trop. J’ai commencé a me rendre compte qu’il y avait un problème. J’ai commencé a comprendre que ce ne serait jamais réciproque.
C’était au début de ma deuxième année dans ce lycee. Je l’avais toujours comme prof. Et a présent, j’étais suivie par mon psychologue actuel. On en a parlé. Pourquoi, comment on en a parlé, je ne sais plus. Mais il a apprit que j’avais des sentiments pour elle. Il m’a conseillé de lui en parler, a cette prof en question.
A ce moment là je decrochais vraiment. Je mangeais a peine, je ne faisais plus rien. J’étais juste mélancolique a longueur de temps. J’avais rien a perdre ? Enfin, je lui ai écrit un mail. Un long mail. Je veux pas le relire. Pas ce soir. Pas encore. Pas déjà. Elle a mis quelques jours a me répondre. Elle en avait parlé a d’autres personnes. J’ai eu mal en lisant son mail. Un mail tellement professionnel. Sérieux. Distant.

Je suis retournée au lycee pour donner ma démission en espérant ne pas la croiser.
On ne s’est jamais reparlé elle et moi depuis cet échange de mail. J’ai trop honte pour lui faire face. Je me sens minable de… d’avoir cru que… d’avoir imaginé que… d’avoir espéré que…

Pourtant je sais qu’elle enseigne toujours dans ce lycee, je vois parfois sa voiture de garée dans le quartier.
J’ai toujours son adresse mail. Toujours son numéro de téléphone.
Et parfois, je pense encore a elle.

Je n’en ai jamais parlé a personne d’autre qu’a mon psy. Je lui en veux et lui en voudrait toujours de m’avoir conseillé d’en parler a ma prof. Je pense que ma mère a compris qu’il… y avait eu un truc entre ma prof et moi. Un truc qui m’empêcherait de remettre les pieds dans ce lycee.

Je pourrais pas l’oublier. Même si.