Optima

Première fois (suite)

Le lendemain, j’avais rendez-vous avec mon psychologue. Je m’y rend donc. Il remarque ma marque dans le cou et me questionne à ce sujet… Rapidement, il sait que j’ai couché avec un inconnu, sans préservatif. Je suis un peu… coincée. Il me pose des questions et je lui répond le plus brièvement possible. Il est soulagé que j’ai pris la pilule du lendemain, mais inquiet pour les MST. Je ne sais pas comment je vais faire la prise de sang. Je ne sais plus rien, je suis vidée. Il voit bien que je ne me sent pas super bien, je parle encore moins que d’habitude, j’ai l’air tendue, effrayée peut-être ? Il me demande donc franchement si ça va aller pour les jours à venir. Genre est-ce que je ne vais pas faire une connerie. Et au moment où il me pose cette question, je suis incapable de me projeter dans l’heure à venir. Je sais que je suis là, c’est tout. Alors je lui répond que je ne sais pas. Il me propose une courte hospitalisation, à l’étage. Je ne suis pas très chaude, mais je suis incapable de réfléchir, de donner mon avis. Alors mon psy demande un avis au stagiaire qui assiste à ce rendez-vous. Ils penchent pour une hospitalisation. Un interne arrive pour me dire comment les choses vont se passer. Puis on sort du bureau (une fois que mon psy a vérifié que la voie était libre, parce que Lionel avait rendez-vous après le rendez-vous d’après moi. En fait il y avait mon rendez-vous, puis une dame que mon psy a annulée, puis Lionel) et se dirige vers les escaliers. Et c’est à ce moment que je comprend ce qui se passe, et que je sais que je ne veux pas y aller.
Après, j’ai un trou. Je ne sais plus comment ça s’est passé. J’ai du dire que je ne voulais pas rester. Et ils ont du dire « si, si, tu restes. ». Je crois que je me suis dépêchée, pendant un moment où j’étais seule, d’envoyer un texto à ma mère pour lui dire d’appeler l’hôpital, avant qu’ils ne me prennent mon portable. Après les infirmiers m’ont dit d’enfiler un pyjama (au cas où j’aurais l’idée de m’enfuir). Mais je n’allais sûrement pas enfiler ce putain de pyjama alors que je ne voulais pas rester. Ils m’ont menacer longtemps, y’avait des hommes derrière la porte prêt à me l’enfiler de force si je ne le faisais pas moi même. Mais non, je n’ai pas mis ce foutu pyjama. On m’a appris que mes parents étaient en route. Il me restait une petite heure avant de pouvoir les voir. L’interne est revenu pour tenter une discussion avec moi (et me faire mettre ce pyjama). Il a dit un truc que je n’oublierais jamais (et qui me fait rire, mais tellement rire aujourd’hui), il a dit : « Qu’est ce qui vous gêne dans la perspective de mettre le pyjama ?  » sur un ton hyper précieux, hyper intellectuel, c’était trop drôle. Je pense que je ne lui ai pas répondu, mais… c’est tellement évident ! Si je ne veux pas être hospitalisée, pourquoi je me plierais aux premières règles d’une hospitalisation ? C’est comme dire « merci, j’ai assez mangé » et se servir une grosse part de gâteau. Ça n’a pas de sens !
Enfin, mes parents sont arrivés. Ils ont parlés avec l’interne, puis avec moi. Mon père aurait voulu que je reste, mais ma mère ne voulait pas trop (elle a une dent contre la psychiatrie). J’ai du les convaincre que ça irait, limite leur promettre que je n’allais pas me suicider sous leur toit. Finalement, ils (surtout ma mère) ont décidés de me sortir de là. Ils ont du signer un tas de papiers et écouter les infirmiers leur dire que c’était pas une bonne idée, mais que surtout, ce ne serait plus de leur faute et qu’on ne pourrait rien leur repprocher si je mourrais d’un suicide dans les jours à venir.

On est passé chez moi prendre quelques affaires, puis on est rentré chez nous, à la campagne. Dans la voiture, j’étais à la fois soulagée, à la fois tendue, mais surtout fatiguée. Arrivé à la maison, on a mangé. Je ne me souviens plus quoi (comme si ça avait de l’importance!). Vers la fin du repas, ma mère a dit que l’interne leur avait confié qu’il y avait eu un élément déclencheur la veille. Je n’avais pas franchement super envie de leur raconter mon histoire… Mais ils étaient inquiets, je le voyais bien. Ma mère tentait de jouer aux devinettes « t’as pas cassé volontairement la voiture de quelqu’un ? ». Ils allaient vraiment s’inquiéter bien plus qu’il ne le fallait. Ils m’avaient sortit de l’hôpital psychiatrique, ils avaient largement droit à une explication. Alors j’ai lâché, comme une bombe : « J’ai couché avec un inconnu. Sans préservatif. ». Ils ne se sont pas énervés (ce qui a révolté mon psy quand je lui ai raconté ça). Ils étaient peut-être même soulagés ? Ma mère m’a trouvé des excuses en disant que je n’étais pas dans mon état normal, que je n’aurais pas fait ça si… je n’avais pas été malade, si je n’avais pas eu des jours difficiles après la rupture avec Lionel. Je ne sais pas si elle a raison. N’empêche que les conduites à risque de ce genre sont répandues chez ceux qui souffrent de troubles de la personnalité état limite, comme c’est (peut-être) mon cas (il faudra que je parle de ce diagnostic aussi).
Le lendemain, mon père avait justement rendez-vous avec son médecin traitant. Il a demandé une ordonnance pour que je fasse une prise de sang pour le truc du sida. On ne peut pas la faire tout de suite, le résultat ne serait pas fiable. J’ai donc attendu. Assez longtemps. Deux mois ? Je viens de me souvenir que quand je l’ai faite, l’infirmier a tenté d’être rassurant en disant que dans notre région, le taux de résultat positif était peu élevé. Ouais… mais le gars avec qui j’ai couché n’est pas du tout de la région en fait… Merci quand même.
J’ai ouvert l’enveloppe des résultats dans la voiture quelques jours plus tard, à côté de ma maman. Et… tout allait bien. C’était négatif. A ce moment là, j’ai vraiment cru que j’avais un ange gardien quelque part avec moi. Je me suis dépêchée d’écrire un texto à mon frère. Quand on est rentré, il ne l’avait pas lu, il était sous la douche. Il m’a demandé à travers la porte ; « c’est bon ? ». Et ça l’était. Je crois que c’est à partir de ce moment que la page a pu se tourner.

J’ai eu peur pendant très longtemps d’être tombée enceinte. Il a fallu que j’attende que deux cycles soient passés (le premier était un peu bizarre) et que je fasse un test de grossesse avant de comprendre que non, je n’étais pas enceinte. Ça aurait été… très dur à vivre pour moi si je l’avais été. Quoi que je décide de faire du bébé.

Depuis, je n’ai plus eu la moindre relation sexuelle. Je me considère comme « semi-vierge ». Techniquement, je ne le suis plus, mon vagin ayant déjà fait la rencontre d’un pénis. Mais en vrai, je me sens encore totalement vierge et sans aucune expérience ni rien. Parce que je ne pense pas que cette expérience, avec ce gars, soit très représentatrice de ce que peut être le sexe à deux. J’espère bien parce que sinon, je fais vœux de chasteté tout de suite.
Je n’ai pas non-plus embrassé qui que ce soit depuis. A part dans quelques rêves pendant mon sommeil.

J’aurais pu écrie cette « histoire » avec bien plus de détail. J’adore écrire, mais ça me demande beaucoup de concentration, et ce n’est pas évident pour moi. Je reviendrais sûrement sur cette « aventure » dans d’autres écris. Mais il y a tellement de choses dont je veux parler. Librement, et en même temps, en sachant que je peux être lue (ce qui m’oblige à avoir un minimum de qualité). Je suis super contente d’être ici, même si mes doigts me démangent et réclament à écrire alors que mon cerveau n’est pas toujours opé ! Haha !... c’est chouette !

Ah, dernière petite chose, le gars avec qui j’ai couché a aujourd’hui un fils.