Optima

Mail de "rupture".

C’est moi ou JI est un peu mort en ce moment ? Je me sens vraiment seule… et c’est triste parce que j’aime vous lire, vous autre. Que se passe-t-il ?
Enfin, ce n’est pas le sujet. J’ai fait ce que j’avais dit, j’ai envoyé un mail a N.. Puis j’en ai fait un autre a ma Maman dans la foulée. Je lui est copié/collé le mail pour N.. Pour qu’elle… ne fasse pas de mauvaises interprétations a propos du fait que je refuse de le revoir.
Je n’ai pas encore de retour, ni de ma maman, ni de N..
Je suppose que je vais aussi envoyer ce mail a mon psy, histoire qu’il ai la fin de la saga. Et aussi parce que c’est le seul qui me dira (je pense), que j’ai bien fait. (Pff, ça ne devrait pas avoir d’importance, du moment que moi je pense bien faire!).
Ça me gêne vachement (enfin… Un peu quoi), de divilguer les conversations que j’ai avec N.. Pour moi, un mail, un texto, une lettre, c’est un cadeau qu’on fait a une personne précise. Tu sais on dit "donner c’est donner, reprendre c’est volé", et ben j’ai un peu l’impression de le voler. Mais… Ce mail c’est le contexte. Et sans contexte… Comment on peut bien se comprendre ? Entre toi et moi, entre ma mère et moi, entre mon psy et moi… et même entre moi et moi-même.
Mais pas d’inquiétude, je sais aussi garder les choses pour moi. Mais bordel je communique en ce moment, ok? !

Bref, le mail est assez long, donc j’arrête de bavacher. Voici le mail que j’ai envoyé a N. vers 16H. Une dernière chose : j’ai aimé écrire ce mail. J’étais en accord avec moi-même.

"Bonjour ****,
Écrire ce mail n’est pas très évident, mais j’ai un nouveau credo : la communication. Et je compte bien l’appliquer pour résoudre… Bref.
Je ne sais pas quand tu liras ce message, mais peut-importe, tu finira bien par le trouver dans ta boite mail.
Je pourrais choisir de rester silencieuse et d’attendre que le temps passe, mais ce ne serait correct pour personne. Ni pour toi, ni pour moi.

Je crois que ce n’est pas une bonne idée de nous revoir. Ce n’est pas non-plus une si mauvaise idée, mais pour diverses raisons (que je vais développer plus tard), je pense que ce n’est pas une bonne idée.

J’ai été touchée par ton dernier texto, mais genre, en mal. Ça m’a fait du mal, ça m’a rendu triste. Une tristesse tout sauf productive. Tu dis "À ce train-là, ça ne te prendra pas des années pour laisser entrer quelqu’un, ça n’arrivera jamais parce que [...]". Je ne sais pas, mais je suppose que tu ne voulais pas être méchant en disant ça, mais pourtant, ça m’a fait du mal. Je suis dans une situation difficile, je ne veux pas dire que je ne suis responsable de rien et que je ne fais que subir, mais la plupart du temps, je fais de mon mieux. Ce n’est pas la première fois que tu me laisse penser que ce n’est qu’une question de volonté. Que si je voulais m’en sortir, rien qu’en le voulant, je pourrais le faire. Mais c’est véritablement difficile. Tu peux voir ma dépression comme un accident, assez grave. Maintenant je suis en rééducation. Et on n’apprend pas a remarcher du jour au lendemain. Et certains jours, c’est plus facile que d’autres. Mais je n’ai pas besoin qu’on me fasse remarquer que je boite et pire, qu’on me fasse croire que je ne remarcherais jamais normalement...
Je ne veux pas passer mon temps a t’expliquer, comme je le fais maintenant, ce dont j’ai besoin, comment ça marche dans ma tête. Je ne veux pas avoir a te dire comment te comporter avec moi. Je ne suis pas livrée avec une notice.
Me pousser a dépasser mes limites est une bonne chose, mais tout le monde ne peut pas me dire de le faire. Je ne veux pas te demander de changer, et donc, je ne peux pas te demander de t’adapter a moi. Et je pense que dans l’état actuel des choses, je ne saurais pas supporter… ta vision des choses. Je ne me sens pas encore assez solide pour ça.

Donc j’aimerais (et d’ailleurs, je le fais) qu’on laisse tomber cette idée de revoyure. Pour le moment, je me rend compte que ce n’est pas possible pour moi. Après, si pour toi c’était maintenant ou jamais, et bien je préfère choisir "jamais".

Tu penseras peut-être que je dis tout ça pour fuir. Oui, c’est peut-être ça, mais je n’en suis pas persuadée. Je sais que le malade psychique se trompe souvent sur ce qui est bon pour lui et ce qui ne l’est pas. Mais je pense être relativement lucide ces derniers temps pour prendre cette décision. Je sais, un minimum, ce qu’il me faut ou non. Et peut-être que notre rencontre se serait très bien passée, oui, peut-être, mais je ne le sens pas/plus. Tout comme je ne me sentirais pas capable de courir pendant une heure. Je n’ai pas une bonne endurance physique. Mais pas non plus une très bonne endurance sociale. Et je sais maintenant que te revoir m’aurait "essoufflée". C’était trop pour me remettre dans le bain.

Tu dois savoir que je n’ai pas l’embarras du choix en terme de relations sociales et tu te dis peut-être que te repousser et catastrophique pour moi. Et qu’il va se passer une éternité avant que quelqu’un veuille me voir a nouveau, et qu’a ce moment là, mon endurance sociale aura encore chutée. Peut-être. Mais ce serait assez cruel d’accepter de te revoir pour cette seule raison. Par dépit. Ou pour faire plaisir a ma famille, ou ravir mon psy.
Si je ne te revois pas pour les bonnes raisons, pour le simple plaisir d’être avec toi, pourquoi le ferais-je ?
Mais pour l’instant, les bonnes raisons ne sont pas là. Je suis plus inquiète que joyeuse a cette idée de te revoir.

Donc, je préfère ne pas faire durer cette… blague. Maintenant que je sais ce que je veux, je te le dis clairement.
Je suis désolée de t’avoir fait perdre ton temps (si c’est la sensation que tu as).
Ça n’empêche pas, de mon coté, d’avoir un jour le plaisir de te revoir, au détour d’une rue par exemple, dans quelques années, quand je serais plus solide, plus complète.

Prends soin de toi,
**** "